La Première Loi | Joe Abercrombie

♥♥♥♥

Ce récit est une trilogie qui se compose de trois tomes : Premier sang, Déraison et sentiments et Dernière querelle.

Dans la ville de Adua, première ville de l’Union, un jeune capitaine, Jezal dan Luthar, promis à un brillant avenir, s’entraine pour remporter à un tournoi. Dans cette même cité, l’inquisiteur Glotka, qui a été torturé dans les geôles de l’Empereur, se trouve mêlé aux intrigues des puissants, nobles et marchands qui vampirisent l’Union. Mais au nord de la terre des Angles, la guerre menace avec les peuplades sauvages, minées elles-mêmes par les attaques des Shankas, créatures sauvages, descendant des montagnes. Se croyant seul survivant de sa troupe de mercenaires, traître à Bethod, leur ancien commanditaire, autoproclamé roi du nord, Logen Neuf doigts croise la route de Malacus Quai. Le jeune mage a été mandaté sur ses traces, par son maître Bayaz, car le guerrier possède la capacité de parler aux esprits. Bayaz, le premier des mages, a une mission à lui confier, l’accompagner jusqu’à Adua, le cœur de l’Union puis vers des terres lointaines du Cercle du Monde…

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L’univers est un univers de fantasy assez classique, dominé par des hommes, au sein de royaume, d’empires en plein expansion ou aux portes de la décadence. S’y développent des batailles, des intrigues politiques, des destins plus personnels, la résurgence de secrets, d’anciens mythes et de divinités, ainsi que des oppositions magiques. Dans le premier tome, qui a bien des égards, et pour de nombreux personnages, parait être une mise en place longue et laborieuse, l’action est un préalable au rassemblement d’une compagnie qui va partir en quête, pour un voyage vers une contrée lointaine et dangereuse. Ce cheminement a donc tout d’un poncif, et sans la consistance de certains personnages, on pourrait être tenté de se lasser de la lecture. En effet, si les primes ingrédients du récit nous donnent quelques impressions de « déjà-lu », l’intensité que l’auteur a mis à l’intérieur de la peau de certains protagonistes, nous pousse à aller plus loin.

Les personnages sont attachants tels l’inquisiteur Glotka, le commandant West, Logen Neufs doigts ou Ferro Maljinn, d’autres le sont beaucoup moins, comme Bayaz, le premier mage ou Jezal dan Luthar, le beau capitaine, mais en ce qui concerne ce dernier, c’est sans doute, parce que les passages le concernant sont ceux qui m’ont donné à ressentir le plus de longueurs dans le récit, le manque d’inefficacité de l’auteur dans l’avancement de la narration. En effet, dans le premier tome, ce qui concerne le vécu de Jezal est répétitif, banal, sans allant. En comparaison, on s’étonne que le jeune mage, Malacus Quai, d’abord mis en valeur dans son opposition puis sa camaraderie naissante avec Logen soit ensuite totalement évincé, transparent dans la suite du récit, jusqu’à la découverte de son tragique destin qui laisse le lecteur bien froid puisque l’auteur lui-même avait négligé de développer son personnage…

L’impression est tout autre en ce qui concerne Glotka, Logen, Ferro ou West dont on découvre peu à peu toute la profondeur, la complexité, la contradiction assumée qui composent leurs êtres. Ils ont un passé riche, construit, influent, des réactions à la fois parfaitement logiques, réalistes, et pourtant assez surprenantes pour servir de moteur à l’action. J’ai particulièrement apprécié que l’auteur traite ses personnages sans compromission, à la fois héros et antihéros, porteurs d’un part de bien et d’une autre de mal, tentés par la fuite, les solutions de facilité, mais pourtant amenés à faire de leur mieux avec les cartes qui ont été distribuées pour eux. C’est particulièrement net pour Glotka, dont l’ironie des pensées, est en supplément quelque chose d’amusant.

Concernant le style, l’auteur a une plume habile, mais là encore, elle s’affine au court du récit et les mots répétés, les passages redondants, tics d’expression nombreux dans le début finissent par ne plus être autant décelables dans la suite du roman. Si le lecteur patiente, s’accroche à sa lecture durant le premier tome, il découvrira une histoire riche en batailles, en aventures, en voyages, en rebondissements dans les deux tomes suivants. En effet, l’action armée va devenir prédominante, l’auteur va lever le voile sur le passé nébuleux et à peine croyable de Bayaz, sur ses machinations, la façon dont elles enchaînent les autres personnages. On aura aussi le mot de la fin concernant l’existence de la magie, de son fonctionnement, de cette première loi, de l’existence des Shankas. Et concernant les intrigues de cour, le lecteur aura aussi quelques surprises et la satisfaction de voir l’auteur jouer de la profondeur de ses personnages et non plus de leur seule place désignée dans l’histoire.

 

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